Un risque naturel se définit comme le croisement entre un aléa et des enjeux. Un aléa naturel comme l’érosion côtière ou la submersion marine ne devient un risque que si des enjeux sont présents. Les enjeux peuvent être de plusieurs natures : économiques, humains, sociaux, culturels ou environnementaux.
Habitations menacées par le recul de la falaise dans le secteur de Sainte-Marie à Capesterre-Belle-Eau en 2017

Habitations menacées par le recul de la falaise dans le secteur de Sainte-Marie à Capesterre-Belle-Eau en 2017

BRGM

L’érosion côtière

L’érosion du littoral intervient par la perte de sédiment sous l’action de la mer et se traduit par un abaissement du profil de plage et un recul du trait de côte. Les côtes les plus sensibles à l’érosion sont les côtes basses sableuses. Les côtes de falaises composées de roches meubles sont également particulièrement sensibles à l’érosion en lien avec des phénomènes de glissement de terrain ou de chute de bloc.

Le littoral de l’archipel de la Guadeloupe est particulièrement exposé à l’aléa recul du trait de côte et en lien avec le transport des sédiments dans la zone côtière et le passage des cyclones qui peuvent provoquer des reculs brutaux.

Dynamique du trait de côte sur le long terme

Dynamique du trait de côte sur le long terme (1950-2013) exprimé en pourcentage selon les principaux faciès morphologiques rencontrés en Guadeloupe

BRGM

Les études réalisées en Guadeloupe, dans le cadre des activités de L’Observatoire, indiquent qu’environ 1/3 des côtes basses sableuses du littoral de la Guadeloupe présentent une tendance à l’érosion depuis les années 1950. Cependant, l’ensemble des plages sont susceptibles de subir un recul soudain en lien avec les épisodes cycloniques qui génèrent des niveau d’eau et des vagues importantes.

Tendance d'évolution moyenne des côtes basse meubles (hors côtes rocheuses et mangroves) depuis 1950

Tendance d'évolution moyenne des côtes basse meubles (hors côtes rocheuses et mangroves) depuis 1950

BRGM

Exemple de la cartographie de l'aléa recul du trait de côte à échéance 100 ans sur la commune de Sainte-Anne

Exemple de la cartographie de l'aléa recul du trait de côte à échéance 100 ans sur la commune de Sainte-Anne

BRGM

Les processus associés à l’érosion sont multiples et complexes et il est parfois difficile d’attribuer les facteurs à l’origine de ces évolutions. Parmi les facteurs intervenants dans l’érosion des côtes basses sableuses on peut citer :

  • la fréquence et intensité des évènements extrêmes;
  • l’évolution des conditions climatiques à l’échelle saisonnière ou interannuelle;
  • l’élévation du niveau de la mer en lien avec le changement climatique intervenant sur de longue période et à l’échelle globale;
  • la dégradations des écosystèmes côtiers à l’échelle locale;
  • les modifications des conditions locales induites par des aménagements côtiers;
  • les prélèvements directe de sédiments dans la zone côtière pour la construction ou la collecte des algues sargasses échouées sur les plages par exemple.

La dégradation des écosystèmes côtiers

Les écosystèmes côtiers de récif corallien, les herbiers marins, les mangroves, les cordons littoraux et la végétation littorale associée, jouent un rôle de protection important en Guadeloupe. Les pressions humaines (urbanisation et pollutions diffuses par exemple) ou naturels (cyclone et effets du changement climatique) contribue à fragiliser et dégrader ces écosystèmes pouvant aggraver l’érosion dans certains secteurs et augmenter le risque de submersion en conditions extrêmes. Les récifs jouent un rôle particulièrement important dans l’atténuation de l’énergie des vagues incidentes, la mangrove dans le contrôle des submersions en conditions extrêmes en ralentissant les écoulements et la végétation de haut de plage ainsi que les herbiers dans le maintien des sédiments.

 

Les prélèvements de sables associés à la collecte des sargasses

La collecte des sargasses peut avoir des impacts importants sur les plages concernées par les échouages. En effet, la collecte des algues peut être associée à des prélèvements de sables importants, pouvant représenter jusqu’à 50% des volumes collectés selon la technique employée. Ces prélèvements indirects peuvent donc contribuer à aggraver le phénomène d’érosion s’ils ne sont pas maîtrisés. Par ailleurs, la circulation d’engins lourds peut entrainer une dégradation de la végétation de haut de plage. Il est donc important d’adapter les techniques de collecte afin d’éviter au maximum les prélèvements de sable et réduire les impacts sur la végétation de haut de plage.

Submersion du Boulevard Maritime de Basse-Terre en 2008 suite au passage de l’ouragan OMAR

Submersion du Boulevard Maritime de Basse-Terre en 2008 suite au passage de l’ouragan OMAR

Mairie de Basse-Terre

La submersion marine

Les submersion marines désignent une inondation temporaire de la zone côtière par la mer associée à des conditions météorologiques extrêmes. Dans la Caraïbe les submersions marines sont principalement associées au passage des cyclones à l’origine d’une élévation soudaine du niveau de la mer, de fortes houles et des vents importants.

Processus physiques associés aux submersions marines

Processus physiques associés aux submersions marines

BRGM

L’amplitude des surcotes est en lien avec la direction des vents d’afflux, la diminution de la pression atmosphérique (surcote atmosphérique) et la déformation du plan d’eau liée à la propagation et le déferlement de la houle près de la côte (surcote liée aux vagues ou set-up).

Dégâts provoqués par la submersion dans le bourg de Pointe-Noire suite au passage de l'ouragan OMAR en 2008

Dégâts provoqués par la submersion dans le bourg de Pointe-Noire suite au passage de l'ouragan OMAR en 2008

Maire de Pointe-Noire

Une étude réalisée par la DEAL en 2021 estime qu’environ 42 500 personnes sont exposées au risque de submersion marine en Guadeloupe, soit 10% de la population. Les zones les plus exposées au risque de submersion se situent dans l’agglomération du Pointe-à-Pitre, le sud de la Grande-Terre et la côte sous le vent de la Basse-Terre.

Les tsunamis

Le littoral de la Guadeloupe est également exposé au phénomène de Tsunami d’origines sismique (plaque caraïbe et plaque Amérique), volcanique ou de mouvements de terrain. Les connaissances historiques des évènements ayant pu affecter les Antilles restent encore très rares et le recours à la modélisation est indispensable pour caractériser l’aléa selon des scénarios probables.

Pour plus d’information étude du BRGM sur l’exposition aux tsunamis dans les Antilles françaises de 2004 : https://infoterre.brgm.fr/rapports//RP-55795-FR.pdf

Les effets du changement climatique sur les risques côtiers

Les effets potentiels du changement climatiques sur les risques côtiers sont multiples. L’augmentation du niveau moyen de la mer est un des éléments qui aura le plus d’impacts sur les zones côtières :

  • Submersion chronique et permanente des zones basses situées sous le niveau de la mer. Ce type de phénomène de submersion par la marée, hors perturbations atmosphériques, est déjà observé dans certains quartiers de Pointe-à-Pitre.
  • Recul du trait de côte du trait de côte. Les effets de l’élévation du niveau de la mer sur le trait de côte sont encore difficilement quantifiables, elle aura un effet sur l’adaptation des cordons littoraux et des écosystèmes côtiers sur le long terme.
  • Augmentation de la fréquence et de l’intensité des submersion marine en lien avec les évènements extrêmes.
  • Intrusions salines dans les eaux souterraines côtières.

Il est également reconnu que le réchauffement climatique induira probablement des cyclones plus intenses dans le bassin de l’Atlantique nord. Ces évènements seront associés à des phénomènes de submersion marine et d’érosion côtière plus intenses et plus fréquents en lien avec l’élévation du niveau de la mer.

Enfin, certains changements dans les conditions environnementales pourront affecter les écosystèmes côtiers, tel que les récifs coralliens, en lien avec l’augmentation de la température de surface de la mer et l’acidification des océans. La dégradation potentielle des écosystèmes côtiers, déjà fragilisés par les perturbations humaines, peut-être associée à une réduction des services de protection pour atténuer les aléas côtiers, notamment pour les évènements extrêmes.

Visualiser les projections d’élévation du niveau de la mer d’après le 6ème rapport d'évaluation du GIEC (AR6) ici : Sea Level Projection Tool – NASA Sea Level Change Portal